L'exposition se tenait donc du 10 au 17 mars à la maison des arts de Créteil, discret mais néanmoins moderne bâtiment.

Plus que l'influence du manga sur l'art moderne, Animanga proposait en fait des oeuvres d'art moderne provenant de pays asiatiques (Chine, Japon et Taiwan principalement).

Ce que les organisateurs entendaient par « influence » pouvait en réalité prendre plusieurs formes. En effet, les auteurs des oeuvres exposées sont tous issus d'une génération qui a grandit avec le manga et dont l'inspiration a d'une manière ou d'une autre été influencée par le manga. Cette influence peut se traduire par un design ou dans les thèmes abordés au travers des oeuvres.

Le visiteur averti était peu surpris par le panel d'oeuvres influencées par le design manga, tels que ces kits publicitaires fictifs. Cette oeuvre, témoin de l'influence du manga sur notre génération se permet de dénoncer au passage l'influence de la publicité à tout va :

Ou encore ces tableaux d'une jeune artiste chinoise que l'on s'amuse à décrypter :

Mais attention, n'allez pas croire qu'Animanga était une exposition de peintures, ce serait négliger l'aspect « moderne » de ces arts. Aussi les oeuvres pouvaient prendre des formes parfois surprenantes comme ce démesuré personnage gonflable :

Les organisateurs n'ont pas lésiné sur les moyens et l'exposition offrait de multiples salles de projection pour les oeuvres sur support numérique. Souvent étonnantes, ces oeuvres numériques portaient en elles la marque des techniques de l'animation asiatique. On y comprenait mieux l'importance et l'intégrité de l'imagerie numérique dans l'art moderne.

Animanga proposait aussi tout un lot d'oeuvres inclassables dont on se demande parfois ce qu'elles faisaient là... l'exposition manquait-elle de matériel ? Le visiteur s'interrogeait sur l'influence du manga dans l'objet présenté, c'est par exemple le cas avec ce requin décoré tel une voiture de F1. Le vivant surexploité dans nos sociétés de consommation, l'omniprésence de la publicité depuis notre enfance jusque dans notre façon de voir le monde ? Où est l'influence du manga ? Il faudra se contenter de l'origine asiatique de son créateur...

Certaines oeuvres, à l'intersection entre Occident et Orient ne manquaient pas d'originalité ! Nous avons eu un coup de coeur pour ce Pinocchio façon bouddha :

Mais l'art moderne est un domaine obscur pour beaucoup de gens, nous les premiers ! Animanga avait mis les bouchés double en abondant généreusement l'exposition de charmantes « animatrices ». Des étudiants en art ou simples amateurs, ces animateurs étaient là pour engager un débat sur l'interprétation d'une oeuvre, pour donner des informations complémentaires sur d'autres ou tout simplement pour éclairer nos lanternes à la question existentielle : « mais c'est quoi ce truc ? »
Un petit plus très agréable !

Bien encadré et fort de 80 oeuvres de 40 artistes différents, Animanga fut un succès avec une fréquentation plus qu'honorable.

L'expo a en effet attiré énormément de groupes scolaires, d'étudiant ou de jeunes adultes (20-30 ans). Un public différent de celui qui fait la queue devant la Japan-Expo tous les ans.

Animanga, un succès mérité pour une exposition qui sort des sentiers battus et qui participe assurément à la considération du manga en France comme d'un art à part entière. Cependant le titre est peut-être mal choisi et ne retranscrit pas assez l'aspect « art moderne », pourtant au coeur de cette exposition. Si vous pensiez qu'il s'agissait d'une convention ou d'une exposition montrant les croquis de vos héros préférés, c'est peut être parce que le nom portait à confusion.

Animanga méritait cependant le détour, pour peu que vous soyez intéressés par l'art en général. Pour les retardataires, cette exposition est toujours accessible à Maubeuge du jeudi 22 mars au dimanche 1er avril au festival VIA.

Voici une liste d'articles de la presse sur Animanga :

Trent, pour MangaGate.com